Voir les oeuvres + Edeline Guillaume
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né en 1902 à Namur - mort en 1987 à Chairière
Peintre de paysages, de portraits, de natures mortes et de fleurs, aquarelliste, graveur. Elève de l'académie de Saint-Josse-ten-Noode (1921 à 1929), dessin avec H. Ottevaere et sculpture avec G. Fontaine; à l'académie royale des beaux-arts de Bruxelles il suit les cours d'A. Bastien (1928-1929). Professeur de dessin aux athénées de Chimay, Ixelles et Bouillon. Au cercle L'Art libre à Bruxelles, il rencontre C. Counhaye, H. Wolvens, M. Howet et A. Raty; il est membre de l'Académie luxembourgeoise. A partir de 1934, très nombreuses expositions personnelles et collectives en Belgique et à l'étranger : Vienne (1937), Budapest (1938), La Haye (1949)... Il voyage en Italie (1949 et 1956) et passe l'hiver 1969-1970 dans le Midi de la France comme en témoignent de nombreuses aquarelles. L'expressionnisme flamand et le cubisme français influencent ses paysages (vallée de la Meuse, de la Semois...), ses vues de villes (Bouillon, Neufchâteau...), très architecturés; R. Brucher qualifie son art de "constructivisme expressionniste".
Voir les oeuvres + Evenepoel Henri
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né en 1872 à Nice - mort en 1899 à Paris
Peintre, dessinateur, graveur. Né en France de parents belges, c'est à Bruxelles qu'il reçoit sa première formation, à l'académie de Saint-Josse-ten-Noode, puis à l'académie des beaux-arts de Bruxelles. Il étudie également la peinture dans l'atelier d'E. Blanc-Garin et la décoration chez A. Crespin. Privé de la présence maternelle dès l'âge de deux ans, il reçoit dans un milieu bourgeois une éducation austère mais néanmoins sensible et cultivée, grâce à un grand-père amateur d'art, un oncle sculpteur et un père qui, bien que sévère, est un musicologue averti. Celui-ci préférant qu'il exerce la fonction plus lucrative de peintre décorateur, il s'inscrit en 1892 au cours d'art décoratif de V. Galland, à l'école des beaux-arts de Paris. La mort de son professeur lui fournit le prétexte pour entrer, en 1893, dans l'atelier de G. Moreau, maître éclairé qui, au lieu d'imposer une esthétique sclérosante, saura déceler et épanouir en ses élèves - dont Matisse et Rouault, condisciples d'Evenepoel - les dons particuliers de chacun. A Paris, il copie au Louvre Rembrandt et Botticelli, mais dès 1893, il croque sur le vif le spectacle de la vie parisienne et l'animation des rues. La diversité des types populaires le fascine, parfois jusqu'au naturalisme ("Le noyé du Pont des Arts", 1895, Waregem, Gemeentebestuur). Il s'intéresse aux arts graphiques de son temps, apprécie Steinlen, Chéret, Forain, Willette, Grasset. Lui-même s'essaie à la lithographie et à l'eau-forte. "Le caveau du Soleil d'Or" (1896, Bruxelles, M.R.B.A.B.) est un tableau d'atmosphère où les tons acides enlèvent sur un fond aux valeurs assourdies l'arabesque des personnages dont le caractère doit son acuité à Toulouse-Lautrec. Dans "L'homme en rouge. Portrait du peintre Paul Baignères" (1894, Bruxelles, M.R.B.A.B.), la mise en page et la linéarité japonisante se réfèrent à Manet, dont il a admiré l'exposition, la même année, chez Durand-Ruel. Mais il met là au point son thème de prédilection, le portrait, dans lequel il peut utiliser ses dons d'observateur et la finesse de sa perception psychologique. Les portraits de sa cousine Louise - à laquelle le liait un amour réciproque et dont il eut un fils, Charles - et des trois enfants de celle-ci, sont parmi les meilleurs. Surtout, il sait rendre à la fois la grâce et le sérieux de l'enfance ("La dînette", vers 1897, Saint-Nicolas, Sted. Mus.). Autre réussite, "La dame au chapeau vert" (Liège, M.A.W.), qui marque l'année 1897, est une œuvre d'une notation psychologique délicate soutenue par la subtilité des demi-teintes. A la même époque, "Le marchand de volailles" (Anvers, K.M.S.K.) et surtout "La marchande de légumes" (coll. privée) étonnent par la synthèse des formes, l'utilisation de tons et de valeurs rapprochés concourant à amener l'ensemble des plans à la surface du tableau. Il rejoint là les préoccupations des nabis, principalement Vuillard et Vallotton, dont il avait vu les œuvres, notamment aux Indépendants en 1893. D'autre part, les problèmes de restitution d'une lumière diffuse dans un intérieur nocturne ainsi que les problèmes de reflets le mobilisent ("Le café d'Harcourt au quartier Latin", 1897, Francfort, Städel). Envoyé en Algérie pendant l'hiver 1897/1898, à la fois à cause de sa santé fragile et pour l'éloigner de sa cousine, il est confronté à une lumière inconnue, intense, difficile à rendre sans nuire à la forme. Une série de "Marché d'oranges à Blidah" (dont celui des M.R.B.A.B. à Bruxelles) montrent le passage d'une notation impressionniste à une conception totalement synthétique, par aplats. Le recours au pocket Kodak, qui souvent remplace les croquis sur le vif, l'aide à maîtriser la lumière au bénéfice d'une simplification de l'espace et des accords chromatiques. Cette voie simplificatrice annonce le fauvisme. Evenepoel s'y engage probablement davantage grâce à la stimulation qu'exerce chez lui la modernité de l'œuvre de Lautrec et la convergence des solutions adoptées par les nabis, que par le compagnonnage de Matisse avec qui il peint sur le motif en 1896, mais qu'il qualifie en 1898, après que celui-ci ait opté pour un néo-impressionnisme large et saturé, d'"impressionniste épileptique et fou". De retour à Paris, les derniers portraits sont toujours marqués par une grande économie de moyens et présentent une sûreté de composition sans égale ("Charles au jersey rayé", vers 1898, Suisse, coll. priv.). Des tonalités plus délicates - roses ou bleues - à la résonance whistlérienne, se mêlent aux noirs et aux ocres en parfaite harmonie ("Henriette au grand chapeau", 1899, Bruxelles, M.R.B.A.B.). De grandes compositions voient le jour, synthèse des études antérieures ("Promenade du dimanche à Saint-Cloud", 1899, Liège, Mus. Parc Boverie). Une certaine notoriété s'installe; à l'issue du salon de Gand, il a la joie de voir entrer "L'Espagnol à Paris. Portrait de Francisco Iturrino" (1899) au musée des beaux-arts de cette ville. Il disparaît soudain, emporté par la fièvre typhoïde, alors que son œuvre, d'une qualité déjà très constante, a à la fois intégré la problématique picturale de son époque et en a devancé une étape ultérieure. Fidèle au Salon du Champ de Mars depuis 1895, puis exposé notamment au cercle artistique et littéraire de Bruxelles et à la Sécession de Munich, il était sur le point de participer en 1900 au Salon de la Libre Esthétique et à l'Exposition universelle de Paris.